Le nouveau village est situé à 200 mètres de l’ancien camp d’Ivohitraivo. La vie a repris son cours. Le troc du riz est pratiqué, il n’existe aucune facilitée médicale à 70 km à la ronde et l’éducation se limite à l’école primaire qui est dirigée par Isabelle, une ancienne enseignante du projet. Le cas de Solo est différent, s’il est entré dans la communauté, c’est qu’il était le fils d’un des éducateurs, qui participait également au ramassage des enfants. Il a hérité des outils de forgeron que son père lui a laissés. Les autres enfants n’ont pas eu cette chance. Michel est retourné à Antananarivo mais n’a pas retrouvé sa famille, il a fini dans la rue à l’âge de 12 ans.

Les années 1990 ont apporté un changement dans la structure politique du pays. L’opération Manga Be est désavouée, considérée comme une erreur et stoppée. L’ancien camp de concentration d’Anosipatrana est alors racheté par l’ancien président Marc Ravalomanana qui à l’époque était le maire d’Antananarivo, pour y établir une station de radio et de télévision. Cependant, en 2002, les opérations d’assainissement de la ville d’Antananarivo ont repris et 1 192 4Mis sont de nouveaux capturés. Leurs maisons en sachets brûlés, ils sont embarqués dans des camions et redirigés sur quatre organisations non gouvernementales.
Des tentes sont de nouveau construites à une journée de marche d’Imoronimanga. Des familles y sont installées et des zébus sont fournis pour un usage communautaire. Mais tout cela finit par attirer les dahalo qui attaquent les nouveaux arrivants. Terrifiés, ils s’enfuient vers le village des orphelins d’antan. Beaucoup ont dû regagner Antananarivo à pied ou grossir les rangs des dahalo. Des trente familles déportées à Imoronimanga, trois y vivent encore. Elles sont contraintes de louer leur maison et leur plantation et n’ont pas les moyens de scolariser leurs enfants. Les victimes de l’opération Manga Be attendent toujours la Terre promise.
Bongolava, Antananarivo © 2017
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