RioTinto QMM : Quand l’eau ne paye pas de mine

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 À Taolagnaro (Fort Dauphin), un bail d’exploitation minière d’ilménite de 100 ans menace non seulement le bien-être de dizaines de milliers de personnes, mais aussi leur gagne-pain et notre patrimoine naturel. Une filiale de RioTinto, la mine QIT Minerals Madagascar (QMM), a franchi sa zone tampon maintenant sur deux lacs et contamine la source d’eau des citoyens entourant la mine.

Àprès des incidents de poissons flottants à la surface des lacs, des rapports sur la mauvaise qualité de l’eau et des bétail qui meurent après l’avoir bu, nous étions obligés d’enquêter.

La machine ambulante d’extraction fait 60m de long et 40m de large. Elle est bien visible et audible de l’autre côté du lac Ambavarano.
La machine ambulante d’extraction fait 60m de long et 40m de large. Elle est bien visible et audible de l’autre côté du lac Ambavarano.

Les opérations de RioTinto QMM ont commencées en 2005, la mine est autorisée à extraire dans 6,000-hectares de forêt littorale unique. Toujours dans sa première phase (Mandena), la mine opère dans un environnement sensible – un dédale à couper le souffle de marécages, lagunes, rivières, lacs (Ambavarano, Besaroy et Lanirano) et une embouchure vers l’océan Indien – avec des conditions météorologiques variables. Le lac le plus au sud de ce système d’eau naturel (Lanirano) est la source d’eau potable de Taolagnaro.

À 10-kilomètres de Taolagnaro, un village de pêcheurs – Andrakaraka – s’étend en face des opérations de RioTinto QMM entre le lac Besaroy et l’océan. À notre arrivée, un épais brouillard a enveloppé la matinée rurale alors que les villageois commençaient à sortir de leurs huttes et de leurs maisons. Alors que le soleil se levait plus haut dans le ciel, de même que le nombre de plaintes concernant les opérations minières, la frustration des villageois était évidente.

La digue de sable (berm) protectrice au fond, les kininy bonaky et la zone de suintement au milieu au bord du lac Ambavarano. Cette eau suspecte provient de la zone d’extraction dans le lac.

À partir des extraits, la monazite est un minéral de phosphate brun rougeâtre contenant des métaux des terres rares et du thorium – un métal hautement radioactif qui pourrait être utilisé comme substitut de l’uranium dans la production d’énergie nucléaire. Le processus d’extraction concentre le contenu en radionucléides des résidus de minerais et doit être éliminé à 15-mètres sous la surface. Cependant, RioTinto QMM a empilé les résidus miniers pour construire une digue (berme) de 30-mètres de large sur 4-mètres de haut au-dessus de la zone tampon (2).

La digue de sable (berm) protectrice au fond, les kininy bonaky et la zone de suintement au milieu au bord du lac Ambavarano. Cette eau suspecte provient de la zone d’extraction dans le lac.

Afin d’extraire les minéraux, RioTinto QMM doit dégager les arbres, inonder le terrain puis le draguer. Pour contrôler le débit d’eau, ils ont construits un déversoir (196-mètres) à travers l’embouchure, bloquant l’eau de l’océan. Une fois inondés, des étangs miniers sont créés et une machine (60mx40m) tirée par un bateau est traînée autour du site pour extraire l’iliménite, le zircon et la monazite. Les opérations minières à Madagascar sont légalement tenues de maintenir une zone tampon non perturbée de 80 mètres à partir de tout plan d’eau naturel (!) (1) .